Les Choletais se pressent autour des soldats du 77ème régiment d’infanterie de Cholet qui répondent à la mobilisation générale. L’heure du départ approche. Sur le quai, Joseph Peneau embrasse rapidement sa femme Rose et prend dans ses bras son fils Raymond âgé alors de 5 ans. En serrant très fort son papa, Raymond respire l’odeur de l’eau de Cologne. Il ne le sait pas alors mais c’est la dernière fois qu’il voit son père.
Joseph Peneau meurt quelques temps après le 28 octobre 1914 à Zonnebeke en Belgique.¹
Comme Paule, Suzanne, René, Henri …et tant d’autres, Raymond est désormais orphelin. Si Raymond gardera toujours en mémoire les derniers moments partagés avec son père et l’odeur de l’eau de Cologne, d’autres trop petits ou nés après le décès n’auront aucun souvenir de leur père.
Comment grandir sans son père, ce héros mort pour la France ? Comment faire face au deuil qui touche les familles alors que très souvent il n’y pas de lieux pour se recueillir, de tombes où pleurer ? Comment affronter les difficultés matérielles qui s’ajoutent au chagrin ? Quelles dispositions va prendre l’Etat face à ce deuil de masse qui fait 1,1 million d’orphelins ?
C’est à ces questions et à tant d’autres …que les élèves de 4 ème B et C et ceux de 3 ème D et E tenteront de répondre durant cette année scolaire.
Un travail de recherches qu’ils mèneront aux Archives Municipales de Cholet où ils seront accueillis par Nathalie Lucas, responsable du service éducatif. Un travail de réflexion autour du deuil abordé avec Mme Karzazi, infirmière scolaire du collège. Un travail d’histoire !
Sylvie Bossy-Guérin
Ce projet a reçu le label national de la Mission du Centenaire de la Première Guerre mondiale.
¹: Merci à Aleks Deseyne, historien belge, auteur de » L’hiver oublié 1914-1915 » à l’origine du musée de Zonnebeke en Belgique : en 1982, il a rencontré Raymond Peneau dans le cimetière militaire de Saint-Charles-de-Potyse qui lui a raconté son histoire. Une histoire partagée avec les élèves et moi-même devant la tombe de Joseph Peneau l’an dernier. Une tombe qu’il fleurit tous les 11 novembre.
Félicitations aux élèves du collège Trémolières de Cholet qui vont travailler, avec les conseils éclairés de madame Bossy-Guérin, sur un très beau sujet, toujours d’actualité. Je ne doute pas que les résultats seront, comme les années précédentes, excellents.
capitaine de vaisseau Bernard Jacquet
délégué militaire départemental de Loire-ATlantique
Ma maman était Pupille de la Nation. Mon Grand-Père est tombé au Champ d’Honneur en Janvier 1915. Ma Grand-Mère est devenue veuve à l’âge de 26 ans. Toute seule elle a élevée sa fille. Son deuil elle l’a fait seule. Il fallait vivre. Grâce à ses convictions religieuses elle pu surmonter son chagrin, sa douleur d’avoir perdu un mari. Ma Grand-Mère a aussi perdu un de ses frères pendant cette guerre. Ces femmes ont été reconnues veuves de guerre. Bien sur l’Etat leur a donné une pension. Mais je ne pense pas qu’une pension remplace le mari, l’époux, le père que la guerre leur a pris. Ma Maman a toujours souffert du manque de son Papa. Pour moi mon Grand-Père est un Héros. Ma Grand-Mère une vaillante femme comme toutes celles qui ont perdu un être cher pendant cette guerre. Car la guerre est une chose atroce. Malheureusement nous trouvons cela encore en Syrie. La aussi, il aura beaucoup d’Orphelins de Guerre. Qu’allons-nous faire pour eux. Nous en sommes responsables…