Suite à la parution dans Ouest-France du 2 février 2016 d’un article concernant le travail des élèves sur les prisonniers de guerre allemands, l’association d’histoire locale « Belle lurette »de Montournais nous a transmis le témoignage de Monsieur Gustave Phelippeau, instituteur de la commune qui notait sur un cahier les événements de la commune pendant la guerre.
Voici ce qu’il écrit à la date du 7 septembre 1915 :
« Arrestation à la Gouraudière à 5 h du matin de deux prisonniers allemands évadés de Cholet depuis 5 jours : les officiers Saatz Erich Georges, 1m78, 21 ans et le sous-officier Mohring Gustave uhlan, 1m82.
Ils avaient monté dans un grenier à foin au moyen d’une échelle chez la bordière Giraud, avaient jeté dans la cour un gros tas de foin et paraissaient s’y être couchés. En voyant ce tas de foin, Madame Giraud s’inquiéta et fit faire des recherches de voleur par son beau-frère Giraud, sourd-muet. Celui-ci fit le tour du village et s’étant arrêté derrière une haie il vit bientôt sauter la haie près de lui par deux grands inconnus qui étaient chassés par le poseur de la voie M.Brémaud de la maisonnette des Bréjaudières. Le jeune Gerbier (Classe 17) accourut. Les deux Allemands se laissèrent ramener sur le foin. Ils demandèrent du café à Mme Giraud qui leur en refusa mais leur donna de de la soupe qu’ils acceptèrent et mangèrent avec empressement. Le jeune Etienne Gerbier vint à bicyclette avertir la mairie à 6h. Au signalement succinct qu’il donna je reconnus qu’il s’agissait des deux évadés de Cholet. Je préviens immédiatement les gendarmes par téléphone et envoyai le garde sur l’ordre de l’adjoint surveiller les évadés. Après un moment j’allai moi-même à la Gouraudière et reconnus que les deux individus étaient bien ceux que j’avais pressentis. Les gendarmes vinrent un moment après mon retour. Ils firent fouiller un peu le foin et on y découvrit une forte et bonne tenaille en acier. Et après leur avoir mis les fers aux mains, ils les emmenèrent à Pouzauges en passant par le bourg de Montournais où tout le monde accouru voir avec une certaine gaieté. Nos deux Messieurs qui avaient eu d’abord l’air insouciant et tranquille prirent un air plus triste et plus honteux. Ils ont été conduits à Cholet par Châtillon à pied. »
Merci à Madame Bernaudeau pour ce courrier qui apporte un éclairage très intéressant de l’arrestation par un témoin direct.
Sylvie Bossy-Guérin