Cholet en 1916 : quand donc finira cette guerre ?

« Quand donc finira cette guerre ? », c’est la question qui hante tous les esprits qui vient sur toutes les lèvres, du paysan et de l’ouvrier au propriétaire terrien, de l’industriel, du rentier. »

Cette question lancinante est reprise dans le rapport du sous-préfet de Cholet sur l’état d’esprit de la population de Cholet rédigé le 22 février 1916. La veille a débuté la bataille de Verdun.

Jean Arrial, cantonnier à Saint-Crespin indique dans une lettre à sa femme et à son fils datée du 29 février 1916, que  » pour ma permission je ne sais pas quand je l’aurais car elles sont arrêter depuis trois jours « , il termine en signant  » ton grand qui vous embrasse de bien loin à présent l’on se trouve du côté de Verdun.« 

A Cholet, l’année débute par une victoire du Club Olympique Choletais contre l’équipe de l’Angers Université Club dans la coupe de l’Atlantique. Une victoire 8 à 1. Nette et sans bavures.

A partir du 16 janvier 1916, la population choletaise peut découvrir l’exposition des trophées de guerre. L’entrée payante est au bénéfice des œuvres de guerre. Le cinéma-théâtre propose en janvier un grand drame en couleurs « le martyr d’une Reine ».

Cholet accueille aussi depuis septembre 1914 des prisonniers de guerre allemands, une main d’oeuvre utile et demandée dans plusieurs fermes de la région où selon le Sous-Préfet «  le problème de la main d’œuvre agricole devient plus aigu. Les femmes sont à la merci des rares ouvriers disponibles » (…) » .

Jamais non plus, on ne vit guerre plus meurtrière, et la liste des pertes qui s’allonge chaque jour produit, surtout dans les campagnes, une impression plus ou moins durable, de détresse. (…) »

L’année 1916 va se révéler meurtrière pour de nombreux choletais : ceux du 77 éme RI qui tombent entre autre en mai 1916 à la côte 304 à proximité de Verdun, ceux qui combattent dans la Somme comme Eugène Hublet ou Pierre Blouen, ceux qui sont victimes d’un sous-marin allemand et qui meurent lors du naufrage du Gallia en octobre 1916.

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La guerre de Jean Arrial à travers sa correspondance

Avant la guerre :

Jean Arrial est né le 1er octobre 1886 à Saint-Crespin. Son père, Maximin Arrial, est un cultivateur âgé de 27 ans et sa mère Jeanne Babonneau, est une cultivatrice de 20 ans. Il a une sœur qui s’appelle Jeanne et qui est née le 11 janvier 1893.

Jean Arrial exerce la profession de cantonnier. Il avait les cheveux et les yeux noirs, un menton rond , un visage ovale. Il mesurait 1m74. Il  épouse le 16 février 1914 Véronique Marie Denis lingère à Saint-Crespin. Elle est née le 10 janvier 1893 à Saint-Crespin, un jour avant sa future belle-sœur Jeanne.

La famille :

La sœur de Jean, Jeanne Arrial, se marie avec Léon Réthoré le 26 septembre 1912. Ils ont une petite fille qui s’appelle Solange. Jean Arrial est son parrain.

Son beau-frère Vincent Denis, était né le 8 juin 1885. Il était maçon et appartenait au    77 ème Régiment d’infanterie.

Pendant la guerre :

Jean Arrial est parti aux armées le 5 août 1914. Il avait 28 ans. Il a combattu pendant toute la guerre. Il était dans le 33ème régiment d’artillerie et au 220 ème régiment d’artillerie. Il est devenu premier canonnier conducteur le 21 mars 1918 et a été évacué malade le 26 novembre 1918.

Il écrit régulièrement des cartes postales à sa femme Véro et à son fils Jean, né le 6 février 1915. Il écrit également à sa sœur et à son beau-frère Vincent Denis.

Carte envoyée par sa femme le 24 avril 1915.  » Petit Jean » a deux mois.

Une longue correspondance …

Plus de soixante-dix cartes postales ont été conservées par la famille. Elles évoquent les combats, la vie quotidienne, la lassitude de la guerre, l’attente des lettres.L’orthographe originale est respectée.

Jean Arrial parle souvent de son fils « petit Jean » né alors qu’il est parti combattre. Il compte les mois depuis sa naissance et son désir de faire enfin sa connaissance.


Les combats

Le 14 décembre 1914 « On a fait une grande attaque avec peu de résultat. Sur les journaux  il a été parlé de la Woêvre. C’est le pays ou que je suis »

Le 7 mars 1915 « Enfin espérons que le jour approche où l’’on sera tous réunis cette fois là pour toujours car je crois que la guerre va finir bientôt : sur les journaux d’aujourd’hui les bandits d’alboches reculent sur tout le front ainsi que du côté de la Russie. »

Le 10 octobre 1915 « Hier j’ai vu un avion boche tomber par terre c’est très beau à voir mais c’est triste pour ceux qui sont dedans. Aujourd’hui ça tape fort dans des endroits mais pas chez nous. »

Le 29 février 1916 « Ce n’est pas pratique pour rendre réponse je suis dans une voiture au milieu d’une plaine et l’on ne sait pas où l’on va. Tant qu’il n’y aura pas d’offensive on restera en deuxième ligne et je voudrais bien que la guerre finisse pendant ce temps là. Pour ma permission je ne sais pas quand je l’aurai car elles sont arrêtées depuis trois jours (…) A présent l’on se trouve du côté de Verdun ».

La lassitude

Janvier 1915 « Désormais la guerre ne peut continuer longtemps car tous le monde commence à en avoir assez. »

Le 6 juin 1915 « Je crois qu’il* marchera tout seul quand je serai de retour car cette maudite  guerre ne va pas vite. Écris-moi un peu plus souvent car si tu savais comme on est content quand l’on reçoit une lettre de ceux que l’on aime tant ».

*son fils de 4 mois

Le 9 avril 1917 «  (…) hier pour le jour de Pâques on a fait 28 kilomètres et on a défilé musiques en tête devant la statue de Jeanne d’Arc à Vaucouleurs et il y avait des drapeaux presque à toutes les fenêtres. Je crois tout de même que cette maudite guerre va finir bientôt et il serait bien temps, il y a une femme qui nous a dit que la guerre finirait le 20 juin cette année, si c’était seulement vrai enfin il faut prendre courage et que bientôt je retournerai auprès de vous  ».

Des punitions …

Le 13 juin 1915 « Je vais te dire aussi qu’il faut que je balaye la route pendant trois jours car je n’étais pas levé pour l’appel  à 6 heures du matin mais je leur ai dit que ça m’était égal, que c’était mon métier* mais j’aimerai bien mieux le faire à Montfaucon enfin espérons que ce sera bientôt ».

* Il est cantonnier.

Repas de fête …

Le 2 janvier 1916 « Je vais te donner le menu que l’on a eu pour le premier de l’an : trois pattes de cochon pour 17, avec un peu de bœuf, un morceau de jambon gros comme le pouce, une cuillère à café de confiture, deux pommes grosses comme des noisettes et encore il y en avait une de pourries, un cigare de 10 cent et pour finir  une bouteille de champagnisé pour 4 : il n’y en  a pas eu un seul qui a attrapé une indigestion ».

Les copains morts, les blessés.

Janvier 1915  » je le savais que Joseph Réthoré était mort « .

Il s’agit du beau-frère de sa sœur, Joseph Réthoré, soldat du 77 RI décédé le 8 décembre 1914 à Hooge en Belgique.

Le 28 avril 1915, » Hier, j’ai vu Martin Birot du collège, il m’a dit que Pierre Juteau était à faire des tranchées à 3 kilomètres de ou que je suis j’espère bien le voir un de ses jours. Martin m’a appris  aussi la mort de Emanuel Guérin et Racineux de Montfaucon. Hier j’ai reçu une lettre de Chauviré, il me dit qu’il n’est pas trop malheureux depuis qu’il est cicliste ».

Emmanuel Guérin est mort le 15 février 1915 à Norroy.

Le 7 mai 1916, son beau-frère, Vincent Denis, également soldat du 77 RI meurt à la cote 304 de Esnes.

Le 24 août 1916  » Je suis avec Léon Pierre Juteau et Jean Baron ».

Léon Réthoré, le mari de sa soeur,  meurt le 7 avril 1918 suite à des blessures de guerre à l’hôpital complémentaire de Beauvais dans l’Oise. Il appartenait au 277 RI.

Le 26 février 1918 « Ça doit commencer à être triste à St Crespin avec les nouveaux morts qu’il y a ».

Le copain Alphonse Ripoche ne meurt pas à la guerre. Pierre Juteau meurt le 18 juillet 1918 dans la Marne.

 

Une des dernières cartes envoyées. Le 1er mars 1919.

Jean Arrial meurt le 21 mars 1930 à l’age de 44 ans.

Merci à Clément et à sa famille pour le prêt des cartes.

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Nouveau label national de la mission du Centenaire

Le projet d’histoire  » Côtoyer l’ennemi à Cholet pendant la Première guerre mondiale : prisonniers de guerre et population civile » vient d’obtenir le label national de la mission du centenaire « .

Ce travail est  mené avec les Archives Municipales de Cholet et les classes de 4ème B et 4ème C du collège Trémolières. Des articles sont en cours de rédaction et seront visibles sur le site en 2016.

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Henri Mulot un soldat mort à Zonnebeke

Avant la Guerre: 

Henri Auguste Mulot travaillait à la Blanchisserie Turpault. Il avait une femme qui s’appelait Clémentine qui est née en 1885 à Cholet, elle était dévideuse chez Pellomail. Henri était né le 6 novembre 1881 à Cholet. Il avait les sourcils châtains, les yeux bleus, le front ordinaire, le nez moyen, la bouche moyenne, le menton rond, le visage ovale et il mesurait 1m71. Il possédait une instruction primaire. Il ne savait pas faire du cheval ni du vélo, conduire et de la musique.

Pendant la Guerre:

Henri Mulot était au 77 ème régiment d’infanterie de Cholet, son numéro de matricule est le 1277. Il fait la bataille de Zonnebeke en Belgique. Il y meurt le 29 octobre 1914.

Thibaut, élève de 3ème.

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Henri Frouin, un soldat mort à Zonnebeke

Avant la guerre :

Henri Frouin est né le 17 juillet 1881 dans le Maine-et-Loire et a habité à Cholet dans le boulevard Gustave Richard. C’était le fils d’Henri Frouin et d’Adèle Terrien qui étaient patrons d’un hôtel. Ils habitaient avec trois autres personnes qui étaient des employés de leur hôtel. Il a fait son service militaire non pas en 1901 mais en 1903 car il ne devait pas être apte pour en 1901. Il ne savait pas jouer de la musique, monter à cheval ni conduire une voiture mais savait faire du vélo. Il avait reçu une instruction primaire développée et il savait signer.

Pendant la guerre :

Henri Frouin appartenait au 77ème Ri de Cholet et a combattu à Zonnebeke en Belgique contre les Allemands en 1914 et s’est fait tuer à Bellevue ( près de Zonnebeke ) le 16 novembre 1914.

Mathis, élève de 3ème

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Gabriel Aumond, mort à Zonnebeke

Avant la guerre :

Gabriel Alexis Aumond est né le 8 mars 1881, à Cholet, dans le Maine-et-Loire.Il habitait rue du Calvaire à Cholet. Sa mère s’appelait Julie Félicité Grolleau. Son père Gabriel était décédé et il avait donc le rôle de chef de famille.

Il avait les cheveux et sourcils châtains clairs, les yeux gris, un front ordinaire, une bouche et un nez moyens, un menton rond et un visage ovale. Il mesurait 1,71m.

Il était boulanger de formation.

Il ne savait ni jouer de la musique, ni monter à cheval, ni conduire une voiture et ni faire du vélo. On ne savait cependant pas si il savait nager.

Il avait aussi un faible niveau d’éducation (niveau de l’époque) et était bon pour le service militaire.

Après son service militaire, effectué de 1902 à 1908, dans l’infanterie, il a eu un fils, Gustave, né en 1908, de son épouse Constance, dévideuse.

Il a habité rue de Hollande, à Cholet et exercé le métier de tisserand.

Pendant la guerre :

Il a été mobilisé le 1er août 1914 et a rejoint son unité, le 77ème régiment d’infanterie, au grade de soldat, le 12 août.

Il a disparu lors de la bataille de Zonnebeke en Belgique, le 13 novembre 1914 puis a été déclaré décédé, tué à l’ennemi et mort pour la France le 7 mai 1920 par le tribunal de Cholet.

Julie, élève de 3ème

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Charles Brin, mort à Zonnebeke

Avant la guerre

​Charles Brin est né le 1er  aout 1879 à Cholet. Il habitait au Carteron à Cholet. Il est le fils de Augustin Brin cultivateur et de Marie Brin cultivatrice. Il a un frère qui s’appelle Augustin et une sœur Augustine. Une autres personne vit avec eux Gautron Gustave. Charles est cultivateur. On ne connaît pas sa description physique mais on sait qu’il a une instruction primaire développée et il sait signer. Il mesure 1m65.

Pendant la guerre

Charles Brin a fait son service militaire. Il fait parti de la classe 1899. Son grade est de 2ème classe. N° matricule: 4007 au Corps. Il est mort pour la France le 22 février 1915 à Zonnebeke en Belgique. Il a été tué à l’ennemi.

Chaimae, élève de 3ème

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Louis Poiron, mort à Zonnebeke

Louis Poiron est né le 20 juin 1890 à Cholet. En 1901 avec ses parents et ses trois sœurs, il habite au 12 rue Porte Baron à Cholet. Son père Louis Poiron  est domestique chez un cultivateur. Sa mère s’appelait Marie-Louise Coudrain .

Dans le tableau militaire de recensement de l’année 1910 (classe 1910, matricule 198) la description physique de Louis Poiron est la suivante : cheveux châtain, yeux bleu, 1m63 , visage ovale, menton rond, nez droit, front haut, petite bouche. Il sait monter à cheval et sait conduire une voiture. Il possède une instruction développée et sait signer. Il est employé de commerce dans une bijouterie.

Louis Eugène Poiron a commencé son service militaire en 1910. Il est appelé à l’activité le 9 octobre 1911. Il devient caporal le 29 septembre 1912. Il est renvoyé dans son foyer le 8 novembre 1913 et nommé sergent le 10 novembre. Le 1er Août 1914 il est appelé pour faire la guerre au 125eme régiment d’infanterie.

Il a été tué à l’ennemi à Zonnebeke en Belgique le 25 novembre 1914.

 

Martin, élève de 3ème

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La bataille de Zonnebeke vue par Joseph Bellouard

Extrait du journal de guerre de Joseph Bellouard, originaire de Toutlemonde, mort à 33 ans le 10 décembre 1914 des suites de ses blessures. Son carnet s’arrête au 12 novembre 1914. Il appartenait au 32ème RI. Orthographe respectée. Collection privée. Son portrait est à découvrir sur ce lien :Portrait de Joseph Bellouard

 » Le 241 départ de Hypres (Ypres). Le 25 on avance un peu le matin. (…) Le 26 nous restons dans notre maison bombardée. Le lieutenant Buchman 2 est blessé.  A 2 heures nous avançons sous une grêle d’obus, le soir nous campons dans un fossé derrière un bois. Le 27, départ du bois, Sauvêtre 3 est blessé à côté de moi. Je lui défais son sac et son équipement. Perret (Perray)  lieutenant blessé. Diletr (Delaître) lieutenant blessé, Morineau 4 blessé.

Le soir nous faisons une nouvelle tranchée. Bonne nuit couché dans la paille à volonté. le 28 au matin un petit éclat me tombe sur le pouce pas de mal, le soir nous avançons sous une pluie de  balles et d’obus, pas de blessé à notre section, nous faisons de nouvelles tranchées et nous y passons la nuit, forte fusillade une partie de la nuit. Le 29 toujours dans les mêmes tranchées à dix heures nous tirons les premiers coups de fusils, nous passons la nuit dans la même tranchée. Le 30 réveil au son du canon, terrible rafale  d’artillerie toute la journée la plus terrible depuis que je suis arrivé. Le 31 la journée commence par la mort de Pradeau (?), 1ere section même canonnade que la veille. Lebartre (?) Gourdon5 blessés, Musset6 mort, Pasquier 7 mort terrible canonnade toute la soirée. La nuit nous faisons de nouvelles tranchées.  1er novembre toujours le bruit assourdissant du canon, forte canonnade sur les aéroplanes (…) « .

1 Il s’agit du mois d’octobre.

2Lieutenant Georges Buchman, Blessé le 26 octobre à Zonnebeke (Belgique) par  fracture du cubitus, de l’humérus et éclatement de l’articulation gauche. Meurt à Cholet de suite de blessures le 8 septembre 1918.

3Probablement Henri Sauvêtre, décédé le 20 décembre 1914 à l’hôpital de Vlamertinghe (Belgique) des suites de blessures de guerre : éclats d’obus dans la région lombaire.

4 Probablement Henri Morineau, mort le 26 octobre 1914 à Zonnebeke par blessures de guerre et originaire de Toutlemonde comme Joseph Bellouard.

5Probablement Francis Gourdon, mort le 5 novembre 1914 des suites de blessures à l’hôpital de Dunkerque.

6 Louis Jean-Marie Musset, mort le 31 octobre 1914 à Zonnebeke (Belgique).

7Jacques Pasquier, mort le 31 octobre 1914 à Zonnebeke (Belgique).

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La bataille de Zonnebeke vue par Georges Cottenceau

Extraits du journal de Georges Cottenceau, originaire de Trémentines, 22 ans en 1914.  Revient vivant de la guerre. Orthographe respectée. Collection privée.Portrait de Georges Cottenceau

« J’assistais pendant deux jours à la destruction de Zonnebeke à quelques kms de nous. D’abord un trou dans le clocher puis la toiture enlevée et ensuite la tour rasée ainsi que pour les autres maisons du village. Tous les jours à peine l’aube venue, les canons recommençaient leur musique et donnaient de la voix toute la journée. Le sifflement des obus allant et venant était si fort que l’on se serait crû assister à une formidable tempête comme fait le vent dans la cime des arbres. Puis la bataille, la plus forte qu’il n’y avait encore eu à l’époque commençait (…) tous les soirs, ainsi que des meules de paille, les fermes et les villages flambaient ajoutant leur note d’horreur à la boucherie quotidienne.(…) Le 26 octobre fut un vilain jour pour le groupe en particulier la 5ème batterie. Elle avait soi-disant reçue l’ordre d’aller se placer comme batterie accompagnant l’infanterie à moins de 500m des premières lignes boches. A peine arrivés le matin sur les lieux que plusieurs conducteurs furent tués sur les chevaux. (…)Les jours continuèrent par une canonnade en règle attaques sur attaques si bien qu’à un moment donné, les anglais lâchaient pied sur la droite, si le 9ème corps ne s’était pas une fois de plus sacrifié. (…)

Georges Cottenceau, malade est évacué vers un hôpital à l’arrière. Il passe une nuit à Ypres parmi les blessés.

« Je vis là, un bien triste spectacle, des blessés affreusement mutilés n’arrêtaient pas de se plaindre et la saleté qui régnait autour de nous achevait le dégoût qui me prenait. »

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